Il avait dû coffrer une bonne femme qui n'arrivait plus à joindre les deux bouts depuis des mois.
Elle avait fini par craquer, et s'était fait just un fix.
En l'espace d'une semaine un monticule de dechets s'était formé devant la porte de son appart sordide.
Les voisins, derrière leurs judas avaient râlé, appelé les flics.
Flavio, ça le concernait pas ces conneries.
Mais quand la femme s'était battu avec le vieux d'en face, Flavio avait eu la mauvaise idée d'être en planque dans le coin.
Alors il était intervenu.
Il avait menotté la femme, une épave.
Il lui a demandé ses papiers, elle lui a indiqué la porte de son appart, et là, dans le bordel, deux gamins qui jouaient avec des boutanches vides.
Le tableau l'avait saisit d'horreur.
Il savait que c'était foutu.
Elle allait au trou, et les mômes en famille d'accueil.
En bref, une scène de misère noire comme Water Blake City en comptait par milliers.
Sauf que ce soir ça l'avait remué le Flavio.
Il avait une boule de haine et de désespoir à vomir.
Du venin à cracher, ou a boire.
Il claqua la porte de son casier au commissariat, puis se rendit dans ce club clandestin dont lui avait parlé un de ses indic.
Il savait qu'il pourrait s'en jeter un paquet derrière la cravate sans que le taulier n’appelle les condés, et peut être finir la soirée en beauté avec une nana du secteur.
Flavio, la haine dans l'estomac poussa la porte de "l'Interdit".
Des canapés pour se vautrer, un comptoir...
Le choix fut vite fait.
Il s'installa sur l'une des chaises hautes aux abords du comptoir.
Discret, il se sort mécaniquement une clope de son paquet de "Stalingrad"
Fait signe au tenancier.
Salut, un russe blanc tu sais faire ?
Le limonadier s'éclipse, et Flavio allume sa clope, tire une bouffé de damné.
Rien à foutre, ce soir je lâche les chiens se dit il.
Il plonge sa tête entre ses mains regardant fixement le comptoir un peu crade.
le verre de Vodka glisse sur le bois sous ses yeux.
Une autre bouffé de damné, puis il choppe le verre qu'il descend de moitié.
Il s'arrête un instant, les mômes, ils sont là, devant ses yeux, dans la merde de l'appart sordide de l'autre droguée.
Il descend son verre d'une traite.
Chef, un autre ! Et vas y franco sur la vodka...
Les russes blancs s’enchaînent, les Stalingrad aussi.
Mais les mômes dans sa tête, eux, ils foutent pas le camp...
Et leur droguée de mère...
Flavio sent la colère monter en lui.
La rage consumer son cœur.
Trop de misère.
Trop de galère.
Un russe blanc, c'est le quatrième ou le cinquième?
Il s'en fout, il écrase sa clope dans le cendrier qui déborde.
Il s'enquille le verre, voit trouble, la colère s’éteint dans le flot éthylique.
C'est gagné. Il est fait, il n'a plus le contrôle.
Mais pourtant son esprit le ramène plus loin encore, la Syrie, ISIS, les bombes artisanales...
Sa connerie mémorable.
Les gens sous les décombres.
Il tape du point sur la table.
Le barman s'approche.
Flavio lève la tête le regard vide, froid...
Un dernier pour la route, et jte ferais pas chier.
Le verre se remplit comme par enchantement.
Flavio le siffle, manque de dégobiller, pose ses mains sur le comptoir, se lève d'un coup, faisant tomber la chaise haute derrière lui.
Putain ! Mais tu te fout de moi, c'est ce que t’appelles un Russe Blanc, cette merde ?!
Stupeur dans le club.
Il titube vers les canapés, où sont vautrès quelques clients.
Qu'est ce t'as !
Tu veux... Tu veux qu'on cause...?!
Sans attendre une réponse du pauvre gars qui n'a rien demandé, le pochtron revient vers le comptoir levant les bras au ciel.
Mais Bordel personne est foutu de faire un bon russe blanc dans cette ville ?!
Flavio ne s'est pas rendu compte qu'il a dégainé son arme à feu personnelle, en brandissant les bras vers le ciel.